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Argentina che !

2012
04.08

Trois mois à Buenos Aires

 

Un vol Lima-Buenos Aires et me voilà dans un monde totalement différent. Je passe des papas à la huancaina aux pizzas du « Kentucky », du Pisco Sour au Fernet-Coca, de la vue sur la mer à un fleuve inaccessible… La seule chose qui reste la même est la présence colombienne à mes cotés. Nico, mon couchsurfeur de Lima, m’envoie chez des amis de son pays, vivant à Buenos Aires. J’arrive un samedi soir, à 1h du matin et rencontre Maria Juliana (dite Juli) et Jose (son frère). Après une heure de discussion sur le balcon, ils me proposent de m’installer dans une des chambres, libre depuis un jour, durant le temps de mon séjour. Ce fut la recherche d’appartement la plus rapide au monde !

 

J’ai un nouveau « chez-moi » le 1424, 9A sur Anchorena, Capital Federal Buenos Aires. Pouvoir mettre ses vêtements dans une armoire, après un an de voyage, est une chose bien étrange, mais je m’y fais vite. Après avoir vécu 5 ans à Paris, les grandes villes ne me font plus peur, mais je sens qu’elles m’attirent de moins en moins. Mais il est toujours bon de connaître avant de juger. Je passe les semaines suivantes à explorer Buenos Aires, la deuxième ville la plus peuplée d’Amérique du Sud (après São Paulo). C’est la première ville de mon voyage qui me fait tant penser à l’Europe. D’une part pour son architecture (française et espagnole) et d’autre part pour son mélange culturel. Près de 40% des porteños (« les habitants du port ») proviendraient de l’immigration, soit d’autres provinces argentines, soit de l’étranger. Cela apporte beaucoup de couleurs, de goûts, de sons différents à la ville. Un condensé de Paris, Berlin et Londres à l’hémisphère sud du globe.

 

Vivant entouré de Colombiens, les porteños me sont peu familiers. Les rares que je rencontre ne me paraissent pas très ouverts et enclins au dialogue. (le souvenir des parisiens et de leur caractère ne me semble plus si loin…) Je retrouve néanmoins mes amis de voyage argentins (Fernando croisé à Bogotá, Gaston rencontré en Équateur et Lucia et Santiago) avec qui je passe des moments inoubliables autour d’un Fernet, d’un mate (boisson chaude à base d’herbe typique de l’Argentine) ou d’un asado (barbecue) de viandes argentines. Je ne fais plus de couchsurfing mais le site m’est très utile pour nous trouver un nouveau colocataire. Florian (ou Flo, Flow, Flor…) de son prénom, un nouvel arrivant du vieux continent vient s’ajouter à la joyeuse bande du 1424. Beaucoup de choses se passent et s’enchaînent, Guillaume reste à la maison durant un mois et voyage 2 semaine en compagnie d’ Alexandra, je reçois la visite de ma sœur Vanessa et de sa coloc Anaëlle pour le nouvel an, mon père vient passer trois semaines en ma compagnie (durant deux semaines nous irons affronter les tempêtes incroyablement fortes et un soleil cuisant jusqu’au sang du nord de l’Argentine) et la fin de mon séjour se conclut sur le mariage de Juli et de Laurent (son petit ami suisse rencontré à Buenos Aires il y a plus de deux ans) qui se déroule le jour de mon anniversaire ! Je me transforme en photographe, décoratrice et cuisinière de gâteaux pour l’occasion. J’arrive même à y intégrer mon ami Gaston pour qu’il joue et chante quelques morceaux lors de la fête.

 

Ceci est un condensé-résumé-synthétisé de trois mois passés dans cette capitale. Pour ma part j’ai adoré les moments passés en compagnie de gens incroyables, intéressants et créatifs. La seule chose à laquelle je n’ai pas pu m’habituer et qui m’a souvent troublée dans cette ville, est l’ambiance fermée et parfois froide qui y règne. Le bruit incessant des bus et des voitures ; le coût de la vie qui augmente sans cesse (pour exemple la barquette d’œufs chaque semaine augmente de quelques centimes, au bout de trois mois cela fait un bonne différence) ; la crise qui vient et revient sans aucun contrôle ; le prix des loyers incroyablement élevé pour des salaires terriblement bas… Bref une instabilité qui serait impensable dans un pays européen, mais qui est le quotidien de millions de personnes. Pour conclure je vous propose de visionner le début d’un film argentin « Medianeras » de Gustavo Taretto (2011) qui propose une explication pas si improbable que ça, sur la Buenos Aires désenchantée. (La traduction en français est en dessous)

Buenos Aires s’accroît,
incontrôlée et imparfaite.

Une ville surpeuplée
dans un pays désert.

Une ville où se dressent
des édifices par milliers,
sans aucun critère.

Un très haut
à côté d’un très bas,
un rationaliste
à côté d’un irrationnel,
un de style français
à côté d’un dépourvu de style.

Ces irrégularités
nous reflètent bien.

Des irrégularités
esthétiques et éthiques.

Ces édifices,
qui se succèdent sans logique,
révèlent une absence totale
de planification.

Exactement comme notre vie.

On la vit sans avoir idée
du résultat qu’on attend,
comme si on était de passage
à Buenos Aires.

On a inventé
la culture du locataire.

Les édifices rapetissent,
pour en faire
d’encore plus petits.

Les appartements
se mesurent en pièces :
du super 5 pièces avec terrasse,
salle de jeux, dépendances,
au studio
ou cage à poules.

Les édifices,
comme tout ce que fait l’homme,
servent à nous différencier
les uns des autres.
Il y a un devant
et un derrière,
les étages inférieurs
et supérieurs.

Les privilégiés portent la lettre A,
au pire, B.

Plus on avance dans l’alphabet,
plus la catégorie baisse.

La vue et la luminosité décrites
sont souvent loin de la réalité.

Qu’espérer d’une ville
qui tourne le dos au fleuve?

Je suis convaincu
que les séparations, les divorces,
la violence familiale,
l’excès de chaînes câblées,
le manque de communication,
de désir,
l’aboulie,
la dépression,
les suicides,
les névroses,
les angoisses,
l’obésité,
les contractures,
l’insécurité,
l’hypocondrie,
le stress
et le sédentarisme
sont causés par les architectes
et les entrepreneurs.

Ecrit par Margerie

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