Petit détour dans les montagnes

Notre chambre chez François.
Nous passons la soirée sur la terrasse de l’auberge à David. Nous y rencontrons Linda qui voyage depuis quatre mois en Amérique Latine. Elle a déjà fait le Pérou et la Bolivie et une partie du Panama. Comme nous, elle a dans l’idée de traverser les caraïbes en bateau pour rejoindre la Colombie. Nous décidons de faire notre recherche de voilier à trois, cela nous paraissant plus facile pour négocier les prix. Avant de rejoindre Panama City, elle désire visiter les îles du Pacifique, nous nous donnons donc rendez-vous dans la capitale quelques jours plus tard. Nous partons le lendemain matin en direction de la station essence la plus proche. Des gens nous indiquent un endroit un peu plus loin sur la route où des routiers y seraient à l’arrêt. Après une petite marche sous la pluie, nous ne trouvons pas ce lieu, qui aurait été parfait pour aller directement à Panama City, nous faisons donc demi-tour pour retourner dans la même station. Au bout d’une demi heure de discussion avec les conducteurs, nous tombons sur Paolo, un Italien d’une quarantaine d’année, qui nous invite à monter avec lui. Une fois dans le pick-up, nous lui expliquons notre projet d’aller à la capitale en stop et il nous propose un de ses camions qui devrait partir d’ici quelques heures. Nous restons à bord du véhicule pour une balade à travers les rues de David, avec des arrêts toutes les cinq minutes pour parler business ou pour saluer des amis. Au bout d’un certain temps, nous arrivons à l’entrepôt d’où le camion doit partir, mais après discussion nous apprenons qu’il ne va pas quitter la ville avant la nuit. Paolo nous propose alors de venir chez lui, afin de déguster une dinde, rôtissant depuis des heures dans le four… Ne pouvant refuser une telle offre, nous décidons de rester en sa compagnie.
C’est reparti pour un second tour de la ville, pour aller chercher un de ses amis français : François. En fin de compte nous apprenons que la soirée et la dinde se trouvent chez lui à une heure d’ici dans les montagnes. Sans le savoir nous nous engageons dans un de ces moments mémorables du voyage. Nous passons deux jours en pleine nature, avec vue sur le plus haut volcan du Panama. François nous présente son collaborateur, le Casiqué (Chef) d’un groupe d’Indiens vivant sur les îles de Bocas del Toro. Nous rencontrons aussi leur voisine, Julie, une Québéquoise qui est venue construire sa maison ici après avoir vécu à New York et travaillé dans le montage de documentaires pour Discovery Chanel et National Geographic. Les discussions sont des plus intéressantes, et sont surtout accompagnées de bons repas et de bons vins ! Paolo revient nous chercher deux jours après (car en fait il habite à David mais il nous a invité chez François… sacré Paolo, un homme très surprenant ! ). Il nous propose de dormir chez lui pour partir très tôt le lendemain en direction de Panama City. Nous sommes chouchoutés par sa femme, et nous dormons quelques heures avant de prendre le départ pour faire la moitié du trajet jusqu’à la capitale. Après lui avoir fait nos adieux et l’avoir remercié pour ses rencontres inattendues et plus que bienvenues, nous reprenons le stop en direction de Panama City. Après cinq voitures qui nous font avancer de 10 km en 10 km, Guillaume nous trouve un camion chargé de papiers toilettes salvadoriens qui accepte de nous emmener jusqu’à la capitale.
Panama city, le Miami d’Amérique Centrale

Le quartier Français, Casco Viejo.
L’arrivée en camion dans la ville de Panama est très surprenante. Nous passons d’abord un immense pont construit au dessus du célèbre canal, puis nous découvrons les immenses building qui poussent entre les maisons délabrées du centre. Nous traversons la ville du Nord au Sud pour aller rejoindre Linda, notre Suisse qui nous attend dans une auberge au centre du vieux quartier Français : Casco Viejo. Nous redécouvrons l’ambiance multiculturelle des auberges de jeunesse et décidons d’y passer une nuit. La décision est prise le lendemain d’aller voir les capitaines à la marina afin de négocier un passage du canal de Panama pur rejoindre la côte atlantique. Après quelques heures de marche au travers des différentes marinas, nous nous retrouvons au Balboa Yacht Club. Nous y passons tous les trois la soirée, et discutons avec une multitude de capitaines qui nous indiquent plus ou moins les bonnes pistes à suivre. Nous discutons aussi avec le gardien du lieu qui nous propose tout de suite de rester dormir au club. Javier s’avère être un homme charmant avec le coeur sur la main ! Il offre son aide à tous les voyageurs qu’il croisent et nous dit que c’est avec grand plaisir qu’il le fait et qu’il sait qu’un jour lorsqu’il aura besoin d’aide, ses bonnes actions lui seront rendues. Nous passons donc la nuit suivante sur les chaises confortables du Yacht Club. La recherche d’un bateau traversant le canal du pacifique à l’atlantique s’avère difficile. La fin de saison se fait sentir et très peu de bateaux prennent ce sens là. Nous commençons à réfléchir à nos chances de réussite pour trouver le bon capitaine…

Le Paramour, notre voilier pour deux nuits !
Nous recevons dans la matinée une réponse de James, couchsailer canadien sur couchsurfing, qui nous attend dans la marina d’à coté sur son voilier. Nous faisons découvrir à Linda le couchsurfing. Une première expérience pour elle qui s’avère très positive et qui sort de l’ordinaire puisque l’on dort à bord du bateau ! Première soirée à bord du « Paramour », nous préparons un crumble et James nous fait découvrir sa liste sans fin de DVD et de musiques, récupérée au fur et à mesure des passages des voyageurs sur son bateau. J’en profite pour lui faire découvrir quelques artistes du vieux continent. Nous discutons longuement de la vie à bord d’un bateau. James nous raconte sa vie à Vancouver et sa décision de tout quitter pour s’acheter un voilier et faire le tour du monde. Nous écoutons avec envie toutes ses histoires et l’idée de traverser le pacifique en voilier l’année prochaine prend de plus en plus de place dans nos esprits… affaire à suivre !

Vue de nuit sur le Canal de Panama.
Nous visitons la ville de Panama en compagnie de Linda. Nous découvrons le musée du Canal relatant toute l’histoire du fameux canal qui traverse l’isthme sur une longueur de 70 km. Cela va des premiers plans français au projet actuel pour l’agrandir au coût estimé de 5,25 milliards de dollars. Nous nous baladons dans les ruelles de la ville qui sont dans des états divers : du plus dégradé au plus chic et bien restauré. La ville (et le pays entier) se distingue par une grande diversité ethnique. Le Panama semble être le point de rencontre de toutes les nationalités présentes sur terre. Nous grimpons en haut de la colline surplombant la ville et observons avec émerveillement le soleil se coucher sur cette ville en plein essor économique et démographique.
Nous abandonnons l’idée de trouver un bateau pour traverser le canal car trop compliqué et nous disposons de peu de temps devant nous. Nous prenons le bus en direction de PortoBelo, petite ville sur la côte caraïbe.
PortoBelo, chez les pirates des caraïbes.

Le port de PortoBelo.
Nous arrivons à la tombée de la nuit dans ce petit portuaire de quelques 3000 habitants. La ville était une des plus importantes d’Amérique durant l’époque coloniale et le port d’où partaient la majorité des richesses que l’Espagne embarquait vers l’Europe. Nous nous dirigeons vers l’auberge que des voyageurs nous avaient conseillés : Captain Jack. Repère de pirates notoires de capitaines faisant escale dans le port, cette auberge de jeunesse nous permet de voir toutes les possibilités s’offrant à nous. Nous y rencontrons plusieurs capitaines de voiliers qui font la traversée Panama-Iles San Blas-Colombie. Malheureusement pour nous les prix ne sont pas vraiment discutable et nous devons donc accepter et faire comme tous les autres touristes en payant les 400$ pour 5 jours de traversée avec nourriture comprise. Un des capitaines que nous rencontrons nous paraît assez sérieux, il s’appelle Lawrence et possède un voilier de 45 pieds. Il navigue avec sa femme, Adriana, qu’il a rencontré en Colombie. Nous décidons d’embarquer quelques jours plus tard sur leur bateau.
Durant notre séjour à l’auberge du Capitaine Jack nous avons rencontré pas mal de voyageurs de tous bords à la recherche de bateaux pour traverser les caraïbes. Chris, un américain, nous a présenté à Lorenzo, un belge en tour du monde depuis quatre ans dans son van. Les trois soirs que nous avons passés à PortoBelo se sont tous déroulés près du van, autour d’un feu, au son de la guitare de deux californiennes hippies, les yeux tournés vers l’océan. Nous avons aussi rencontré Christopher, un français faisant le tour du monde depuis plus d’un an et qui se dirige vers le sud de l’Amérique Latine. Après ce bain de voyageurs, nous sommes plus qu’impatients de monter à bord du voilier et entamer notre première traversée des eaux de ce tour du monde !
Les Photos sont superbes ! Nous marchons et voguons avec vous. Profitez-en pleinement. C’est magnifique.