
Mur de "Guate" (petit nom de Guatemala City) avec les affichettes de personnes disparues
Depuis notre arrivée au Guatemala, une personne sur deux nous parle de Semuc Champey et de ces cascades d’eau claire. Nous avons donc décidé d’aller y faire un tour pour voir ce lieu si incroyable de nos propres yeux. Le départ d’Antigua est un peu hésitant et après quelques minutes de marche dans la mauvaise direction, nous prenons enfin la route de la capitale à bord d’un pick-up. Notre conducteur nous parle de religion et je tente tant bien que mal de lui expliquer qu’en Europe, la foi est bien différente de ce qu’elle a pu être et que les gens n’ont pas le même rapport à la religion que les guatémaltèques. Le débat est intéressant mais nous arrivons à Guatemala et nos chemins se séparent. Nous sommes immédiatement happés par le vacarme assourdissant de la ville. L’air est chaud et pollué, les rues sont longues et sales et les quartiers se succèdent sans se différencier. Nous passons un peu plus de deux heures à chercher la sortie de cet enfer urbain où nous aurions pu rester bloqués bien plus longtemps si un local ne nous avait pas conduit jusqu’à la sortie. A l’avenir, nous éviterons les grandes capitales à moins qu’il n’y ait un attrait majeur qui vaille le coup de s’y attarder. Nous continuons notre route vers le nord avec un Américain et sa femme et terminons la journée de stop à bord d’un semi remorque. Ce dernier nous dépose sur le bord de la route au milieu des montagne en pleine nuit. D’après lui, il y a un hôtel 500 mètres plus loin et nous n’avons pas d’autre choix que de suivre ses indications pour trouver un endroit où dormir. Après avoir pris un repas au restaurant, nous demandons gentillement si nous pouvons dormir dans un espace commun sans payer de chambre car nous n’avons pas assez d’argent sur nous. La gérante accepte notre requête et nous confie au gardien de nuit. Nous nous retrouvons quelques minutes plus tard dans un local où sont entreposés les anciens matelas de l’hôtel. Nous avons une trentaine de sommiers à notre disposition et passons une de nos meilleures nuits sur la route.

Repos au bord de la rivière.
Le lendemain, nous avançons rapidement jusqu’à Coban, mais la situation se complique lorsque nous arrivons sur les routes de campagne où 90% du trafic est effectué par des collectivos. Nous arrivons a grimper à l’arrière d’un camion qui transporte du matériel de construction. Notre chauffeur s’arrête plusieurs fois en chemin et nous nous retrouvons vite au milieu d’une quarantaine de poules, d’un dindon, deux fermières et un enfant ainsi que d’une poignée d’agriculteurs du coin allant vendre leur récolte sur les marchés. A l’instar des chikenbus, qui sont en fait des cars scolaires américain simplement peints à l’extérieur, notre moyen de transport aurait bien mérité cette appellation. Une fois à Lanquin, la situation se corse encore plus, l’asphalte à déjà disparu depuis un bon moment et ce sont les véhicules qui manquent. Nous ne sommes plus qu’à 9 kilomètres de notre but et nous décidons d’entamer le chemin à pied. Le Soleil est encore haut et nous sommes descendus en altitude, il fait environ 30 degrés et nous sommes sur un chemin de montagne avec des montées et des descentes implacables, autant dire qu’avec nos gros sacs à dos, la partie n’est pas gagnée d’avance. A la première voiture, au bout d’une bonne heure, nous levons le pouce et montons avec le conducteur. C’est un pick-up normal mais il transporte un nombre exagéré de personnes et de marchandises. A l’arrivée il nous demande de payer et devant l’insistance des autres personnes qui nous entourent, nous avons beau essayer de leur expliquer le principe de l’auto-stop, ils ne veulent rien savoir. Je ne leur laisse que la moitié de ce qu’ils me réclament sans leur donner le choix. Nous avons horreur des gens qui s’improvisent collectivos publique et font payer les gens qu’ils ramassent sur le bord de la route, surtout lorsqu’ils nous soutiennent que ça se passe toujours comme cela et que rien n’est gratuit. Nous nous dirigeons vers la rivière et noyons notre rage dans l’eau fraîche. Ici le paysage est calme et magnifique, nous décidons d’y trouver un petit coin à l’écart de la route pour y passer la nuit.

Vue du mirador.
Le lendemain, nous faisons nos sacs rapidement et partons vers l’entrée du parc de Semuc Champey. Il est encore tôt mais la chaleur commence déjà à se faire sentir. Nous déposons nos affaires dans la cabane du gardien et nous nous lançons à l’assaut du mirador avec le strict minimum. Nous nous préparons psychologiquement à gravir des pentes escarpées pendant 1h15 (ce qu’indique le panneau de direction du mirador)… Nous arrivons, avec surprise, seulement 15 minutes après au point de vue. Du haut de la falaise nous avons une vue imprenable sur les piscines naturelles du site. Sur environ 300m, la rivière emprunte un passage souterrain tandis que les petits ruisseaux alentours viennent alimenter les bassins de surface qui se déversent les uns dans les autres. L’eau y est claire et peu profonde ce qui permet au Soleil de la réchauffer à une température idéale pour la baignade. Les couleurs sont superbes et nous rappellent celles du parc de Plitvice en Croatie. Le site Guatémaltèque est beaucoup plus petit mais présente l’énorme avantage de la baignade autorisée. Nous passons une bonne heure et demi à profiter de ce joyau de la nature et à nous délasser dans les eaux turquoises. Au retour, nous décidons de prendre directement un collectivos pour Coban, ce sera beaucoup plus rapide et cela nous évitera les mauvaises surprises. Le retour se fait dans une ambiance de colonie de vacances avec un groupe de jeunes Canadiens en périple pour 2 semaines au Guatemala.