De Cuenca à Cajamarca

2011
11.07

Cuenca, rencontres culturelles et musicales

Théatre de rue

De retour à Cuenca, je loge chez Priscilla, notre précédente couchsurfeuse. En ville, un festival de théâtre commence tout juste, pour une durée de deux semaines. Au programme des œuvres de toute l’Amérique Latine. En compagnie de Simon, un suisse partageant notre appartement pour quelques jours, je vais voir une pièce s’intitulant « Passport » interprétée par trois acteurs du Vénézuela. La représentation durera quasiment deux heures. C’est l’histoire d’une femme qui arrive à une frontière et se fait confisquer son passeport par un militaire véreux. Elle se retrouve sans identité, et dans l’impossibilité de communiquer avec les autorités, fautes d’incompréhension linguistique. Très poignante et critique de la société vénézuelienne, cette œuvre ne sera pas du goût de tous… Quelques jours plus tard, j’assiste à une représentation d’une troupe de théâtre de Quito, dans le parque central Calderon. Pleine d’humour et de musique cette pièce attire les plus petits comme les plus grands. Le lendemain, je rencontre par hasard dans un café, les acteurs de cette pièce et leurs offrent mes photographies de la vielle pour agrémenter leur site internet. Sur cette lancée, je vais imprimer en ville une nouvelle carte de visite, des cartes postales et des marques-pages de mes photos. Une nouvelle manière de voyager, en vendant ou troquant mes photographies.


Caca de lama, au Cajas...

Je reçois un mail d’Arno et Fabienne, qui sont de passage à Cuenca. Il est toujours agréable de reparler un peu français. Je les accompagne à la découverte du Cajas, grand parc naturel à une petite heure de la ville. Nous passons la première moitié de la journée, dans un décor magnifique, composé de lacs, de forêts et de montagnes. Après reflection, certaines parties de ce paysage équatorien nous font étrangement penser aux Lochs et aux Bens d’Écosse, peut être en raison de la petite bruine constante… En début d’après midi, nous nous dirigeons vers une partie du parc moins fréquentée par les touristes, où nous effectuons un beau tour de lac, encerclé de lamas et de chevaux. La journée se fini au chaud dans la maison du couchsurfeur d’Arno et Fab, autour d’un chocolat chaud et de crêpes… au chocolat !


Un p'tit air de France...

Après quelques jours passés chez Pricscilla (dans sa chambre, elle, partageant l’autre avec sa soeur), je décide de changer de couchsurfeur. Je me retrouve plus au sud de Cuenca, dans une grande maison en compagnie de Gavino, un suisse-allemand vivant en Équateur depuis plus d’un an, et Fabrizio, peintre et architecte. Cette maison à la même atmosphère que celle de Baños. Les couchsurfeurs sont nombreux et la bonne humeur est toujours présente. Samuel, que j’ai rencontré quelques semaines plus tôt chez JuanK, vient élire domicile chez nous. Lucia ( de Slovaquie) , Santiago (d’Argentine) et leur chienne Lola (d’Équateur) viennent également mettre un peu de musique dans nos cœurs. Nous rencontrons en ville trois français, voyageant depuis plus de deux ans en jouant de la musique (accordéon, clarinette et percussion) dans la rue. Nous les invitons à la maison pour un bœuf général. J’en profite pour capter ses moments magiques avec ma caméra. Nous accompagnons cette soirée avec le plat typique d’Équateur : le cuye ! Cochon d’inde cuit dans la cour au feu de bois. Rien de bien extraordinaire, car cette pauvre bête n’a pas beaucoup de chair. La cuisine étant de taille généreuse et comprenant tout les ustensiles nécessaires, je prépare plusieurs desserts (les classique) et Santiago nous cuisine du pain de toutes sortes (ail, oignons, herbes et même au chocolat!)


Pour notre dernière soirée à Cuenca, nous allons tous ensemble danser et boire du « canelaso » (alcool chaud avec de la cannelle) dans un bar le long du fleuve. J’y invite Priscilla pour qu’elle y fasse la connaissance des couchsurfeurs de Cuenca. Nous passons une très bonne soirée, et après deux semaines passées dans cette ville, je peux dire que j’ai rencontré de très bons amis.


Vilcabamba


Lucia et Lola, à Vilcabamba

Samedi matin, je pars sur la route, en direction du sud, en compagnie de Lucia, Santiago et Lola. L’auto-stop s’avère relativement facile, malgré tout nos bagages (violon, guitare, artisanias, lola :) Nous arrivons rapidement à Loja, dans la voiture d’un colonel de l’armé, adepte de parapente. De là nous prenons un bus (car la route de terre est beaucoup moins fréquentée) vers Vilcabamba, petit village dont le gens nous ont dit beaucoup de bien. Nous y dégotons un hôtel type années 60, un peu écarté de la ville, avec piscine et cuisine immense. Il servait de lieu de conférences, à une autre époque… Sur la place centrale, nous partons à la recherche de restaurants afin de jouer quelques airs, et de vendre des cartes postales. L’affaire marche bien, et en quelques heures nous avons remboursé l’hôtel et nous avons de quoi nous payer une belle bouteille de vin pour accompagner notre repas.


Vue de notre chambre

Le lendemain, nous faisons la rencontre d’un professeur de collège et de sa femme, qui, tombés sous le charme du violon de Lucia, nous invitent à manger. J’apprends qu’il est professeur de français, et qu’il est allé se perfectionner à Paris et dans le sud de la France, durant les années 60. Il nous invite chez lui, pour y déguster un verre de whisky (difficile à deux heures de l’après-midi, avec plus de 30°c affiché au thermomètre…) Sa maison porte le doux nom de « Grenoble » et il nous raconte pendant des heures sa jeunesse française. Mes deux amis lui offrent un peu de musique, puis nous retournons en centre ville, à la vie réelle. Lundi, le village prend son repos d’un week-end chargé de touriste, nous en profitons pour nous balader dans la campagne avoisinante. Nous nous rafraîchissons dans le fleuve, et observons des constructions futuristes de maisons « écologiques ». Nous décidons de partir le lendemain matin, pour la frontière peu fréquentée de la Balsa.


A la découverte du Pérou


Santiago, Lucia et Lola, dans le bus pour la frontière

Les distances restent courtes, mais le temps de trajet s’allonge. Le chemin de terre menant au Pérou nous prend une journée complète de voyage. Nous avons le temps d’admirer des paysages magnifiques, pour la plupart vierges de toutes traces humaines. Nous arrivons sur les coups de sept heure à la douane d’Équateur. Nous obtenons sans difficulté notre tampons de sortie de la part d’un policier respirant l’ennui et la solitude… Ce dernier nous explique que très peu de personne passent cette frontière. Nous nous dirigeons vers l’autre douane, mais personne n’est là pour nous tamponner notre passeport… Un match de football passe à la télé, tout le monde est au bar pour supporter l’équipe nationale. Nous retournons donc du coté « Équateur » et installons notre campement de fortune dans les bureaux de la police. Le douanier nous invite à boire quelques bières en sa compagnie, sur fond de quelques « goooooooooooaaaaaalllllllllll » du match en cours.


Couché de soleil sur Chacha

Nous passons la frontière le lendemain matin, et partons en direction de Jaen. Nous y arrivons en début d’après-midi, sous une chaleur écrasante, et un air saturé de pollution. Nous trouvons un petit hôtel, nous y posons nos affaires et prenons une bonne douche froide. Nous partons ensuite à l’assaut des restaurants et du parc central, où la musique plaît bien aux Jaeniens. Après une nuit d’enfer, chaleur et moustiques à profusions, nous prenons la direction de Chachapoyas, où nous avons dégoté un couchsurfing. Nous arrivons sur la Plaza de Armas (nom donné aux places centrales de toutes les villes du Pérou) et trouvons Chicho, notre couch, dans son bureau « Chicho Travel ». C’est un homme très actif, qui connaît bien sa région. Il nous décrit tous les lieux à visiter puis nous emmène chez lui, où deux équatoriens de CS sont présents. Ils voyages en Amérique Latine à vélo, travaillant en tant que graphiste et web-designer. Chicho nous libère la chambre de sa mère, qui est partie en voyage vers la côte. Lucia et Santiago partent le lendemain a la recherche d’une auberge, la chambre étant minuscule. Deux nouveaux voyageurs arrivent, un couple de Colombie, voyageant eux aussi depuis plusieurs mois en bicyclettes. Nous partageons nos histoires de voyages, les pays traversés et les gens rencontrés.


Le vendredi après-midi je décide d’accompagner Raphaël (l’Équatorien à vélo) jusqu’au mirador de Huancas. Selon Chicho, à peine 45 minutes de marche… en réalité il nous a fallu pas moins d’ une heure trente pour atteindre, de nuit, le point de vue sur Chachapoyas. Sur le retour, nous nous arrêtons au petit village de Huancas où les habitants célèbrent El Señor de los Milagros. Nous sommes inviter à manger en compagnie de l’orchestre, et nous restons jusqu’à tard dans la nuit, pour profiter de la musique, des histoires ancestrales racontées autour du feu, et de Guarapo (alcool de canne à sucre, fabriqué sous nos yeux curieux…) Nous rentrons vers Chacha, en compagnie des danseurs de la soirée, sous un magnifique ciel étoilé.


Kuelap, ou fête de village…


Chemin vers Kuelap

En compagnie de Rafael, je pars en vélo pour un week-end, à la découverte de Kuelap, ruines perchées dans les montagnes. Après une journée de plein soleil et de superbes paysages, nous arrivons au Tingo, d’où part le sentier jusqu’aux ruines. Nous déposons nos deux vélos dans la seule auberge du coin, la police n’ayant pas voulu prendre la responsabilité de les garder… Nous entamons le chemin, bien décidé à arriver pour le couché de soleil en haut de la montagne. A la moitié du parcours, nous entendons de la musique venant du bas de la vallée. Nous croisons deux petites mamies qui nous « ordonnent » de régresser chemin pour aller profiter de la fête au village, la fête del Señor de los Milagros … Après référendum, de moins de 5 minutes, nous prenons la décision de redescendre pour aller voir les vivants festoyer, plutôt que de monter voir les morts, enterrés depuis belle lurette dans les ruines de Kuelap.


Rafael et son masque de Diable

Pour la seconde fois, nous assistons à une célébration traditionnelle du Pérou. Musiques, repas, danses, messes, cervezas, Guarapo… Nous passons un très bon moment en compagnie de ces personnes, qui nous acceptent sans aucun préjugé. Rafael a apporté son masque de diable équatorien, et il anime la soirée en faisant danser toutes les dames tour à tour. Sur les coups de 2 heures du matin, nous nous retirons vers la maison d’un villageois, qui nous à prêté un bout de son jardin pour y planter nos tentes. Le lendemain, un vent de mauvaise augure règne sur le village, nous apprenons avec tristesse que quatre personnes se sont tuées en voiture en rentrant de la fête. Le conducteur était saoul, et la voiture à finis dans le fleuve. Le prêtre fait une oraison en leur mémoire, et malgré cette tragédie la fête continue, une peu plus calme que la veille. Sur le retour vers Chacha, un pick-up s’arrête à notre hauteur, la vitre s’abaisse, et nous découvrons avec surprise qu’il s’agit de Chicho, avec ses amis. Nous nous embarquons, ainsi que les vélos, à l’arrière, et profitons d’un couché de soleil mauve-orangé sur les montagnes avoisinantes.


Reproductions de sarcophages à l'entrée du musée

Deux jours plus tard, j’embarque dans un bus pour Leymebamba, un peu plus au sud, en laissant mes compagnons de route à Chacha. Il faut que j’avance un peu, je suis censé retrouver ma sœur à Buenos Aires, Argentine dans un peu moins de deux mois… Le temps passe si vite ! Je passe deux nuits à Leymebamba, le temps de faire quelques marches vers les ruines avoisinantes, et la visite du musée (très bien fait) racontant l’histoire de cette région. J’achète mon ticket du bus pour Cajamarca, à mi-chemin entre les montagnes et la mer. Les prix des transports sont nettement plus élevés qu’en Équateur, compter le triple voir le quadruple… Nouvelle surprise, je vois dans le bus Samuel, que javais rencontré à Baños, puis à Cuenca. Nous passons les 8 heures de trajet à nous raconter nos histoires de voyage.



Cajamarca, ville de peintres


Une peinture de Jaime dans la cour de sa maison.

Arrivée dans celle nouvelle ville, nous n’avons pas de réponse de CS. Nous nous dirigeons donc vers les hôtels à bas prix, qui malheureusement pour nous, affichent tous complet. C’est les vacances de la Toussaint, et de nombreux péruviens sont venus passer quelques jours ici. Au bout de quelques heures de recherche, nous trouvons un petit hôtel, assez cher, mais le seul disposant de chambres pour nous. L’accueil est froid et peu poli, mais il y a une douche chaude ! La dernière datait de Cuenca… Le lendemain, nous avons une réponse de Jeny, couchsurfeuse de Cajamarca, qui nous envoie vers la maison d’un de ses amis, car elle est en voyage à Lima. Nous nous présentons donc chez Jaime, artiste-peintre-ingénieur qui habite dans une petite maison admirable. La cour intérieure est recouverte de peintures en tout genres, et sa chambre au premier étage, est un petit musée exhibant ses peintures à la Dali, et toute sortes d’objets insolites. Encore une fois, la chance nous sourit avec le couchsurfing. Nous allons passer 3 jours de fête non-stop en compagnie de toute la bande d’amis. Nous fêtons Halloween comme il se doit, nous assistons au championnat national de Motocross, et nous profitons du week-end peinture de la ville. Un projet très intéressant : la mairie a convié les peintres du pays à venir peindre les rues de Cajamarca, en une journée, avec élection de la meilleure peinture et récompenses à la clé. Plus de 400 peintres on répondu à l’appel. Je me balade dans les rues de la ville et profites de ses « pinturas en vivo » à gogo. Impossible d’y échapper, à tout les coins de rues les peintres installent leurs chevalets et peignent selon leur envies, leurs goûts et leurs techniques cette ville, qui en devient pour le coup beaucoup plus intéressante. Ce genre d’événement devrait être plus répandu, à bon entendeur !


Peinture de Cajamarca


Ecrit par Margerie

3 Responses to “De Cuenca à Cajamarca”

  1. Alex dit :

    Voyage toujours exceptionnel depuis le debut. Les photos sont de plus en plus incroyable, merci je me regale de votre FlickR.
    Pas de nouvelles de Voro, sons statut CS me dit qu’il est au Chili, il va falloir nour mettre a jour.

    Un site web qui peut vous interesser:

    http://wegetthere.com/

    Bonne suite

    Alex
    (pour l’alcooloc)

  2. Margerie dit :

    Merci beaucoup !
    Guillaume est en effet au Chili, il a fêté 24 printemps au bord du Pacifique :) tout va bien pour lui, il se dirige doucement vers la Patagonie. On va se retrouver pour les fêtes à Buenos Aires.
    Bisous !

  3. Adrien dit :

    Vous orientez votre voyage autour de la musique et de l’art ou si c’est juste qu’il y a plein d’artiste un peu partout au Perou-Equateur ?
    Si il y en a tant c’est qu’ils doivent gagner leur vie.

    Je suis impatient d’aller en Amerique du Sud.
    L’Australie est trop americanise et les gens ne sont pas si differents donc moins interessant meme si il est possible de faire de tres belle rencontre.

    Tu parles que tu trocs tes photos, ca fonctionne vraiment ?

    a plus, je part faire du stop vers Perth (l’ouest Australien) avec des cours d’espagnol dans les oreilles



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